Interview de Céline Jusot, coach professionnelle certifiée

Céline Jusot accompagne les professionnels depuis 2012, elle a obtenu la certification en 2018. Son entreprise be yourself[1]est née en 2016.
L’accompagnement qu’elle propose concerne les salariés, les freelances, les managers, les dirigeants et les équipes, toutes les personnes qui se questionnent sur leur vie professionnelle.
Sa vocation est d’aider les professionnels à (re)trouver l’élan et à reprendre la maîtrise de leur vie. Nous l’avons interviewée pour connaître les motivations des professionnels qui demandent un accompagnement, pour comprendre ce qu’est le coaching et quels sont ses résultats. Céline nous a aussi livré sa vision du travail en entreprise, un éclairage très intéressant.

A qui est destiné le coaching professionnel ?

CJ – Il n’existe pas de catégorie socio-professionnelle type. Les personnes que j’accompagne viennent d’univers différents. Leur statut est varié : dirigeants, collaborateurs, managers, travailleurs indépendants ou encore professionnels libéraux. Toutes les générations sont représentées. Ceci étant, bon nombre des accompagnés ont la quarantaine, un phénomène plutôt logique car à 40 ans, l’heure est souvent au bilan à propos de la carrière et à propos de la vie en général.
Le coaching est ouvert à tous ceux qui se posent des questions sur le plan professionnel.

Pourquoi faire appel à un coach professionnel ?

CJ - Les raisons sont nombreuses et diffèrent d’une personne à une autre, selon la situation et la problématique. Les demandes concernent généralement :

• Un problème relationnel en entreprise
• Une difficulté à évoluer
• Une perte de sens
• Une situation qui stagne
• Une frustration
• Un échec professionnel
• Un besoin de réorientation
• Un problème de temps
• Une situation bloquée
• Un projet qui n’avance pas

Quel est l’état d’esprit des personnes qui font appel à vous ?

Là aussi les situations diffèrent. Certaines personnes traversent une crise importante (surmenage, ennui, peur, colère, absence d’intérêt, motivation en berne…) et d’autres sont simplement en questionnement.
Des traits communs apparaissent néanmoins : le besoin de se sentir utile, la recherche de sens, une meilleure compréhension de soi et de son environnement, la définition d’un projet ou d’un chemin pour le réaliser.
La plupart des personnes que j’accompagne ont perdu le pouvoir de décider et de faire des choix. Bien souvent elles ont envie de changement sans savoir le définir. Elles cherchent aussi l’alignement avec qui elles sont, comment elles fonctionnent et ce qu’elles font.

Quelles sont les étapes clés d’un coaching ?

CJ – Il est d’abord capital pour l’accompagnant de bien comprendre la problématique et de l’inscrire dans son contexte. Je pose beaucoup de questions pour récolter le maximum d’informations.
J’aide ensuite les personnes à découvrir ou approfondir la connaissance de leur propre fonctionnement. C’est indispensable. On creuse ensuite les valeurs, les besoins, les rêves, la situation et l’entourage.
C’est lors de cette étape que peuvent apparaître des freins ou des croyances limitantes : il est alors nécessaire de les comprendre et de les lever pour avancer. 
Entendre des phrases commencer par « Il faut… Je dois… Ma famille me demande… Mon chef me dit de… », est synonyme de frein ou de blocage.  
Une fois les obstacles éliminés, c’est le moment de poser un cadre et de travailler le positionnement.
La dernière étape est la naissance d’un projet clair, pertinent et aligné (avec ses étapes, ses moyens, sa temporalité et sa projection).

Peut-on faire soi-même son coaching ?

CJ – Ce n’est pas impossible mais c’est beaucoup plus long. L’avantage de faire appel à un tiers c’est qu’il aide à réfléchir autrement, en dehors du mode de pensée de la personne accompagnée.
Comme lorsque vous regardez un paysage, selon la place que vous occupez, l’image est différente. Le coaching permet donc une mise en perspective et un changement d’angle de vue pour trouver d’autres solutions. Ensuite, la situation peut enfin se transformer.
A partir du moment où une question ne trouve pas de réponse, le coach peut intervenir.
Ce n’est pas un aveu de faiblesse de demander de l’aide, bien au contraire. Reconnaître que l’on ne peut tout comprendre et tout résoudre est déjà le premier pas pour avancer.
Naturellement, on a tendance à toujours repousser la réflexion introspective et réduire le temps que l’on peut se consacrer. Le coaching est un espace et un temps pour soi.
Rappelons que même les coaches ont besoin de coaching !

Quels sont résultats du coaching ?

CJ – Cela peut aller d’un simple ajustement jusqu’à un changement radical de vie professionnelle, dans les deux cas le positionnement a besoin d’être clair. Je m’aperçois que les personnes qui veulent parfois « tout plaquer » ont seulement besoin de déplacer quelques curseurs.   
Le bénéfice fondamental du coaching est de retrouver son pouvoir de décision. En ayant une vision précise et objective de sa situation, du contexte, de son périmètre d’action, la personne accompagnée trouve enfin quels leviers elle peut actionner pour améliorer sa vie professionnelle, avec conscience et confiance, en étant alignée.
D’ailleurs la sphère pro n’est pas toujours la seule à profiter du bénéfice d’un coaching. Savoir se positionner impacte forcément les autres pôles de notre vie.

Comment savoir si l’on a besoin d’un coaching ?

CJ – Certains signes peuvent aider à reconnaître un besoin d’être accompagné : mal-être fréquent, questionnement sans fin et sans réponse, problème de gestion du temps, situation stagnante, difficultés récurrentes et insolubles en apparence…
Il n’y a pas de moment idéal, mais il est toujours temps quand on ne peut plus avancer. Le plus important est de savoir demander de l’aide lorsqu’un besoin s’impose.

Quelle est votre vision du travail en entreprise aujourd’hui ?

CJ – Certaines grandes entreprises ont morcelé le travail et cloisonné les rôles. Les collaborateurs ne savent parfois plus à quoi « sert » leur mission, quel est son intérêt et quel est son objectif. C’est souvent l’origine d’une perte de motivation et de considération personnelle.
Si les managers partagent la vision et l’objectif de l’entreprise avec leurs équipes, s’ils expliquent quelle est la contribution de chacun, les collaborateurs retrouveront le sens (qui fera sens pour eux ou pas). 
La contribution, la responsabilisation, le droit à l’erreur et la création d’un espace de réflexion et d’échange sont incontournables pour une bonne gestion des ressources humaines. Ce sont des thèmes qui permettent de mobiliser et d’engager les équipes, et aussi de formidables vecteurs de croissance pour les entreprises.
Je note également le besoin de co-construire. On ne sollicite que trop peu la pensée et la réflexion au profit de la production. Quant à la créativité, elle est laissée aux créatifs. C’est bien dommage car les salariés sont en demande de prendre part au questionnement de leur entreprise. Lorsque j’interviens auprès des équipes, je constate que solliciter leurs idées est absolument fructueux et vertueux.
La crise sanitaire l’a prouvé : nous sommes très imaginatifs lorsqu’il faut trouver des solutions. Il est nécessaire d’exploiter les idées et les potentiels régulièrement et pas seulement en période de crise.
Dans un monde qui évolue sans cesse, la remise en question des modèles est une force pour les organisations. Se remettre en cause est finalement un facteur d’évolution aussi bien sur le plan individuel que sur le plan collectif.  

Pendant l’interview, Céline Jusot a prononcé le mot réconciliation. Le coaching sert effectivement à se reconnecter à soi, comprendre son fonctionnement et le contexte, pour pouvoir mieux se positionner dans son environnement. C’est le principe de l’alignement. Nous remercions chaleureusement Céline, qui a partagé son expérience avec passion et générosité, pour éclairer notre lanterne sur le sujet du coaching.

Céline Jusot est l’auteur du livre « Dessine-moi un travail » : https://www.amazon.fr/Dessine-moi-travail-créative-veulent-travail/dp/B09YVT5GSQ

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[1] https://www.beyourself.pro